Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année XII — Août 1869.

(Langue portugaise)

NÉCROLOGIE.


M. BERBRUGGER, D’ALGER.

1. — On nous écrit de Sétif  †  (Algérie) :

« Décidément depuis quelque temps la mort ne se lasse pas de frapper nos gloires nationales. Qui les remplacera ? Ne nous en inquiétons pas ! l’avenir est entre les mains de Dieu, et la nouvelle génération ne sera pas plus privée que celles qui l’ont précédée, des éléments de nature à assurer la marche incessamment progressive des humanités.

« Aujourd’hui notre capitale déplore la perte de M. A. Berbrugger,  †  conservateur de la bibliothèque d’Alger, homme aussi remarquable par sa profonde érudition, que par l’urbanité et l’élévation de son caractère, par sa modestie et sa simplicité, que par la rectitude remarquable de son jugement. »


M. Berbrugger était, depuis près de treize ans, président de la Société historique algérienne, et rédacteur en chef de la Revue africaine – Google Books. En dehors des savants articles publiés mensuellement dans la Revue africaine, M. Berbrugger est l’auteur de plusieurs traités d’archéologie très recherchés, et lorsqu’il a succombé, il venait de mettre la dernière main à un petit ouvrage intitulé : le Tombeau de la Chrétiennen que nous signalons à l’attention des amateurs. Il était, en outre, inspecteur général des monuments historiques et des musées archéologiques de l’Algérie, membre de plusieurs sociétés savantes, etc.

Ses aspirations philosophiques en avaient fait, dès l’origine du Spiritisme, un partisan éclairé et profondément convaincu de nos principes. Sa situation particulière, les fonctions spéciales dont il était revêtu, l’ont obligé à ne prendre part au mouvement qu’avec la plus extrême réserve. Néanmoins, il entretenait une correspondance très suivie avec M. Allan Kardec, et participait autant qu’il le pouvait à la propagation de la doctrine, en faisant parvenir au centre les documents utiles au développement de nos études.

Nous ne doutons pas que cet Esprit éminent, réuni aujourd’hui à celui de notre maître vénéré, ne soit entré dans le monde spirituel, comme dans un pays connu, et qu’il n’y jouisse de la félicité réservée aux hommes de bien. – Lorsqu’il aura pleinement pris possession de sa nouvelle situation, nous serons heureux qu’il veuille bien participer à nos travaux et nous communiquer le résultat de ses études et de ses observations.




2. M. Berbrugger, conservateur de la bibliothèque d’Alger.

(Deuxième article.)

Dans le dernier numéro de la Revue, nous nous faisions un devoir d’annoncer à nos lecteurs le départ pour un monde meilleur, de M. A. Berbrugger, le savant conservateur de la bibliothèque d’Alger, et nous étions heureux d’honorer en sa personne, la mémoire d’un spirite éclairé et profondément convaincu de la vérité de nos principes. De plus amples détails nous sont parvenus sur les travaux qui illustrèrent sa vie ; nous ne doutons pas de voir accueillir favorablement, par tous nos adhérents, les extraits suivants du discours prononcé sur sa tombe par M. Cherbonneau, le nouveau président de la Société historique et archéologique d’Algérie (voir le nº 76 de la Revue africaine, de juillet 1869, pages 321 et suiv.) :


« Lorsque s’éteint une personnalité de cette trempe, on considère comme un devoir de recueillir ses dernières pensées : tant il est vrai que la porte du tombeau est la pierre de touche des âmes. Dans certaines paroles, vous le savez, il y a des révélations. Hier, assis près du lit de Berbrugger, je l’écoutais pieusement. Tout d’un coup, ses yeux, où brillaient les dernières lueurs de cette belle intelligence, se fixèrent sur moi, et il me dit avec un accent que je n’oublierai jamais : « Voilà où mène l’excès de travail !? Ne faites pas comme moi !? » Tels sont les derniers mots qu’il a prononcés. La mort, contre laquelle il luttait en homme, l’étreignit de nouveau pour ne plus le rendre?

« ? Messieurs, le savant dont la perte sera vivement sentie dans toute l’Algérie, était né à Paris,  †  le 11 mai 1801. De solides études, faites au collège Charlemagne, l’avaient préparé à suivre les cours de l’école des Chartes.  †  Son début dans la paléographie lui assignait déjà un rang dans la science. Il fut chargé, en 1832, par le gouvernement anglais, de recueillir les pièces originales relatives à l’occupation de la France au quinzième siècle. Vers le milieu de l’année 1834, comme averti par un de ces pressentiments auxquels nul esprit ne résiste, il abandonnait en quelque sorte la théorie pour la pratique, et venait en Afrique à la suite du maréchal Clauzel, dont il fut le secrétaire particulier. Il l’accompagna dans ses excursions, et suivit le maréchal Vallée à Constantine.  †  De ces expéditions militaires, il rapporta un grand nombre de manuscrits arabes qui formèrent le noyau de la bibliothèque d’Alger. De nouveaux horizons s’étaient ouverts devant la sagacité de Berbrugger.

« Admirant le pays que nos armes venaient de conquérir, il entreprit sans relâche de le faire connaître, dans l’espoir, sans doute, que la conquête en deviendrait plus assurée. C’est alors que, tantôt sous la tente, à côté des soldats qui pansaient leurs blessures ; tantôt dans le calme de la ville, il composait cet ouvrage important qui fut publié sous le titre de l’Algérie historique, pittoresque et monumentale.

« Non content de travailler, il aimait à répandre autour de lui le feu sacré qui l’animait. Doué d’une élocution facile, qui s’était exercée plus d’une fois en France, dans des conférences publiques, il possédait à un haut degré le talent de semer les idées et de les faire accepter. Dès qu’il eut remarqué que les premiers colons mis en possession du sol par une autorité aussi patriotique que vigoureuse, commençaient à exhumer avec la pioche les débris de la domination romaine, on le vit grouper autour de lui les chercheurs et les hommes d’étude. La Société historique algérienne était fondée. Douze volumes remplis de documents précieux, de cartes et de dessins, constituent le Compendium archéologique que nous devons, en grande partie, au Président de cette Société ; car il n’est pas un mémoire ou une notice qui ne porte l’empreinte bien marquée de cette critique éclairée dont chaque auteur respectait les décisions.

« On compte, en outre, parmi les écrits de Berbrugger, un Cours de langue espagnole, un Dictionnaire espagnol-françaisn la Relation de l’expédition ; de Mascara, les Époques militaires de la grande Kabylie, une Notice sur les puits artésiens du Sahara n l’Histoire du martyr Géronimo n et la Notice sur le tombeau de la Chrétienne, ce problème historique dont ses calculs patients ont dévoilé l’énigme après vingt siècles ; enfin de nombreux mémoires insérés dans les journaux d’Algérie et de France.

« Heureux, notre Président, si les travaux de l’esprit avaient suffi à son désir d’être utile ! Mais il eût regardé sa tâche comme incomplète, s’il n’avait pas apporté le fruit de son expérience dans les conseils où se traitent les intérêts du pays. En effet, il y trouvait plus de liberté pour faire le bien, et, par conséquent, plus de devoirs à accomplir. C’est que l’expérience, chez lui, ne résultait ni de l’intérêt personnel, ni de l’esprit de parti, le progrès de la colonie étant son seul objectif. Hélas ! un dévouement convaincu l’entraîna à d’autres sacrifices et fit accepter à l’archéologue émérite le commandement de la milice d’Alger, sans lequel il lui paraissait difficile d’entretenir parmi ses concitoyens, l’esprit de confraternité bienveillante dont il était lui-même tout pénétré. Que de soucis dans cette position ! Mais aussi que de services il a rendus avec cette simplicité qui en doublait le prix !

« Ce n’est pas en quelques traits, et surtout au milieu de l’émotion causée par une perte aussi douloureuse, qu’il est possible à son compagnon d’études, à son ami, de retracer l’existence si utile et si bien caractérisée d’Adrien Berbrugger. Certains hommes, d’ailleurs, ont eu la rare bonne fortune de se faire connaître de leur vivant, autant par leurs qualités que par leurs écrits.

« A défaut de fortune, les honneurs ne manquèrent point au savant conservateur de la bibliothèque. Pendant le voyage de Sa Majesté l’Empereur, au mois de juin 1865, il reçut la croix de commandeur de la Légion d’honneur, en récompense de ses travaux littéraires. Précédemment, il avait été nommé membre correspondant de l’Institut.

« Adieu, Berbrugger ! Sur le bord de cette tombe où vous allez dormir de l’éternel sommeil, nous avons du moins une consolation : vous laissez à votre fille chérie un nom sans tache et justement honoré. Les habitants d’Alger conserveront pieusement le culte de votre mémoire, et, lorsque la Société historique algérienne se réunira pour résoudre un problème des annales d’Afrique, elle s’inspirera de votre érudition. »


Le Président :     

A. CHERBONNEAU.


3. — Dans, une des dernières séances de la Société de Paris, nous nous sommes fait un devoir de donner un dernier témoignage de sympathie à la mémoire de M. A. Berbrugger en en sollicitant l’évocation. Nous nous empressons de soumettre à l’appréciation de nos lecteurs la communication que nous en avons reçue et qui nous paraît bien caractériser le travailleur infatigable et consciencieux si éloquemment dépeint par M. Cherbonneau. L’élévation de son intelligence et sa grande érudition nous font espérer qu’il voudra bien de temps à autre, participer à nos travaux et enrichir nos archives de communications et de documents utiles et intéressants.


(Société de Paris, 30 juillet 1869.)

« Je suis heureux, messieurs, de votre sympathique accueil. Bien que je ne fisse pas ouvertement partie de la phalange spirite, je n’en étais pas moins fermement et intimement convaincu de la vérité de vos principes. J’ai le regret d’avoir contribué à grossir le nombre des timides, que la crainte de l’opinion ou la dépendance de leur situation, obligent à garder le silence sur leurs secrètes aspirations ! mais, je dois le dire pour ma défense, toutes les fois que j’en ai trouvé l’occasion, j’ai compulsé et adressé au centre, les documents intéressant notre philosophie, et, dans l’intimité, j’ai essayé, quelquefois avec succès, à communiquer mes croyances et à les faire partager. Aujourd’hui je suis au-dessus de l’opinion, et ma famille s’est agrandie. Si les liens du sang m’attachent toujours à mes parents de la terre, les liens éternels des âmes, les principes de charité, de tolérance et d’union de la philosophie spirite, m’unissent à tous ceux de ses membres qui concourent à en assurer l’avenir, par leurs œuvres comme incarnés et par leurs inspirations comme Esprits.

« Partout l’humanité dépouille ses anciens vêtements philosophiques, et remplace les errements de la routine et des préjugés par une croyance raisonnée et basée sur la logique et l’expérimentation. Je le sais par expérience : guidé par les connaissances acquises, l’homme, véritable sphinx, déchiffre les problèmes réputés insolubles. Si, nous autres archéologues, nous reconstruisons avec quelques phrases éparses, quelques mots tronqués, quelques lettres incomplètes, les inscriptions à demi effacées du grand livre historique de l’humanité, le philosophe et le penseur dégagent de leur cortège d’erreurs et de mensonges, les vérités qui ont présidé à la fondation de toutes les croyances humaines, et partout ils retrouvent le Dieu unique adoré et honoré dans ses œuvres multiples et les lois merveilleuses que nos savants modernes se sont flattés de découvrir. Mais nous ne découvrons, nous n’inventons rien !? Nous ne sommes pas des inventeurs, nous sommes des chercheurs? nous avons perdu la route et nous la retrouvons quelquefois !?

« Bon courage, messieurs, je suis des vôtres par le cœur, je serai encore avec vous par l’Esprit et par un concours plus actif et plus personnel que par le passé. Usez de moi ; je serai heureux de me rendre utile et de concourir à vos travaux dans la mesure de mes connaissances.


« A. BERBRUGGER. »



[1] Le Tombeau de la Chrétienne, mausolée des derniers rois de Mauritanie, par Adrien Berbrugger ; 1 vol. in-8, prix 2 fr. Paris, Challamel aîné. [Le tombeau de la chrétienne – Google Books.]


[2] [Nouveau dictionnaire portatif français-espagnol et espagnol-français … Par Adrien Berbrugger - Google Books.]


[3] [Les Puits artésiens des oasis méridionales de l’Algérie. Par Adrien Berbrugger - Google Books.]


[4] [Géronimo, le martyr du Fort des vingt-quatreheures à Alger. Par Adrien Berbrugger - Google Books.]


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